L’humanité à l’heure de COVID-19: comment s’entraider

(ceci est une traduction non-autorisé de l’article Humanity in times of COVID-19: How to help each other properly par le medecin Ben F. Maier)
Tout d’abord, pour que tout cela soit clair, je suis un scientifique qui fait des recherches sur la façon dont les maladies infectieuses se propagent et je travaille actuellement sur COVID-19. Si vous ne me croyez pas, vous pouvez vérifier mes références sur mon site web http://benmaier.org ou lire cet article dans le Washington Post : https://wapo.st/39UhTsG. Dans ce qui suit, j’exprimerai exclusivement mes propres opinions basées sur mes recherches. Ces opinions ne sont pas nécessairement les mêmes que celles de mon employeur.
J’ai remarqué dans divers médias sociaux que beaucoup d’entre vous souhaitent mobiliser et aider les personnes qui souffrent des mesures de confinement et/ou font partie d’un groupe à risque. Je pense que c’est une démonstration exceptionnelle d’humanité de votre part. Pourtant, j’ai le sentiment qu’il n’est pas toujours évident de savoir comment aider, surtout en ces temps où beaucoup de choses changent rapidement. Dans ce qui suit, j’expliquerai quelques éléments concernant la propagation de la maladie et je recommanderai quelques mesures concernant l’aide, qui peuvent être résumées comme suit :
 
1. Agir localement, par exemple en aidant les voisins.
 
2. Aider PEU de gens, mais le faire de manière régulière. Par exemple, si vous souhaitez faire du gardiennage, cherchez UNE famille et aidez-la exclusivement.
 
3. Éviter les contacts avec trop de personnes, sauf celles que vous voulez soutenir.
 
 
Allons-y maintenant plus en détails :
 
Lorsqu’on est confronté à une situation comme celle que l’on vit actuellement, il est clair qu’on peut se sentir impuissant; c’est un sentiment que l’on peut surmonter en prenant les choses en main. Le plus souvent, cela aide beaucoup. Dans le cas spécifique d’une épidémie, cependant, ce n’est pas la meilleure idée d’aller aider partout où vous pouvez. La raison est qu’en faisant cela, vous “mélangez” plus que d’habitude : vous prenez d’autres itinéraires dans les transports publics et vous rencontrez beaucoup de gens que vous ne voyez pas habituellement. Cela peut potentiellement augmenter le nombre de contacts, ce qui accroît le risque d’infection pour le grand public.
 
La COVID-19 présente une particularité : les enfants et les jeunes peuvent être infectés sans présenter de symptômes sévères (et parfois même aucun), tout en étant néanmoins infectieux. Supposons que vous ayez entre 20 et 35 ans et que vous souhaitiez aider le plus grand nombre de personnes possible, par exemple en faisant du baby-sitting ou des courses. Les situations suivantes peuvent se présenter : vous attrapez le virus de la famille A, puis vous le transmettez aux familles B et C, et enfin, lorsque vous faites des courses pour les personnes âgées, vous le transmettez à l’intérieur du supermarché ou aux personnes âgées qui sont très à risque. Tout cela peut se produire sans que vous sachiez que vous êtes contagieux.
 
Les recherches de notre équipe (https://arxiv.org/abs/2002.07572) suggèrent qu’actuellement, il serait préférable que tous ceux qui en ont les moyens restent isolés à la maison le plus longtemps possible.  Cela implique l’annulation de tous les événements et activités sociales : les écoles devraient fermer, personne ne devrait retrouver ses amis, les militants politiques devraient se rencontrer par vidéoconférence.  Mais je constate aussi que de nombreux pays rendent cela presque impossible :  par exemple, comment un parent isolé est-il censé s’occuper de son enfant alors qu’il doit encore aller travailler ? 
 
C’est pourquoi j’ai la suggestion suivante :  si vous voulez aider et que vous vous sentez en bonne santé et que vous n’avez pas eu de contact avec une personne malade présentant des symptômes de toux par exemple, cherchez un foyer à aider et faites en sorte qu’il s’agisse d’un foyer de votre quartier.  Tout d’abord, cela vous amène à ne pas beaucoup vous déplacer dans la ville, ce qui réduit le mélange (point 1 ci-dessus).  Deuxièmement, vous faites effectivement partie d’un seul ménage, celui que vous aidez.  En Chine, nous avons vu qu’après la mise en place de mesures de confinement, la plupart des infections se produisaient au sein des ménages.  Si le ménage que vous aidez devient infectieux, la probabilité que vous soyez infecté augmente également.  Mais si vous ne voyez personne d’autre que ces personnes, vous devenez la fin d’une chaîne d’infection, ce qui, à l’heure actuelle, aide le plus.  Ceci concerne le point 2.  Enfin, il est vraiment important que vous n’infectiez pas les personnes que vous aidez.  Vous pouvez vous en assurer en évitant tout contact social autre que celui avec les personnes du ménage que vous avez choisi d’aider, c’est-à-dire ne pas rencontrer d’amis en personne et, en général, rester à la maison.  C’est le raisonnement qui sous-tend le point 3. 
 
Je sais que la situation actuelle n’est pas facile, mais la chose la plus importante que vous puissiez faire actuellement en tant qu’individu est de vous retirer d’une éventuelle chaîne de transmission de telle sorte que celle-ci ne se produise pas en premier lieu.  C’est ainsi que nous pouvons protéger nos systèmes de soins de santé et sauver des vies. 
 
K. KersplebedebK. KersplebedebK. Kersplebedeb

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